samedi 15 janvier 2011

Un peu d'Irlande en Bretagne

A mesure que se dessinait les derniers mois que nous passons en France, il est apparu clair que des incursions en Europe ne seraient malheureusement pas possibles. Parmi tous les endroits magnifiques que nous avions en tête de visiter, mon plus grand regret est l'Irlande. Dès nos premiers mois ici, j'avais acheté le Routard à la couleur dominante verte et je le feuilletais avidement! Tout semble si beau, si magique là-bas, et en plus une compagnie d'aviation irlandaise organise des vols Nantes-Dublin à des prix plus qu'intéressants! Malheureusement, le temps de vacances requis pour qu'un tel voyage vale la peine nous manque, et j'ai donc dû en faire mon deuil. C'est ce que c'est réellement pour moi, un deuil, de ne pas visiter ce bout d'Europe aux habitants réputés si chaleureux, aux pubs légendaires, aux falaises affrontant les embruns, terre de mystère et de créatures fantastiques...

La Bretagne, peuplée en partie par les mêmes tribus Celtes que celles qui se sont installées au pays du trèfle à quatre feuilles, a entendu mon appel, a compris mon désir de voir ces paysages de côtes sauvages que la mer fouette inlassablement. Le week-end dernier, Sarah-Catherine était partie à Toulon présenter son mémoire de danse-thérapie, et le pays me faisait signe depuis quelques temps qu'il me fallait aller à sa rencontre. Alors j'ai répondu à l'appel. J'ai pris un petit sac de provisions, un plein sac de tout le nécessaire pour passer le week-end hors de la maison et le réservoir plein, je suis parti pour la Bretagne.

Le temps était incertain. Il pleuvait légèrement, la météo pourtant prometteuse se laissait désirer. Après une heure de voyage, à l'écoute de ma petite voix, je décidai d'arrêter à l'improviste chez des connaissances dont nous avions gardé le chien au printemps dernier. Je n'étais même pas sûr de retrouver le chemin de leur maison mais je le retrouvai bel et bien. Mais je ne sais pourquoi, je n'osais pas m'arrêter. Je crois que j'avais peur de déranger. Mais finalement, qu'avais-je à perdre? Je trouvais pathétique cette gêne extrême de ma part. Mais je pris le parti d'aller vers eux finalement et je fus enchanté de l'accueil. Toundra était bien contente de me voir, tout comme son Allan maître d'ailleurs. Cécile, la maîtresse de maison, était ailleurs ce jour-là. Je pris le thé avec Allan et ses amis, puis je partis en même temps qu'eux, toujours vers l'Ouest, le coeur léger et heureux d'avoir renoué ce lien.


La journée avançait et je me demandais où j'allais. Je me disais que je conduirais jusqu'à ce qu'il arrête de pleuvoir ou qu'il fasse nuit, après quoi je ferais demi-tour. En vérité, je n'ai pas su où aller avant d'être tout près. L'été dernier, j'étais allé avec Sarah sur la presqu'île de Quiberon (Kiberon), où nous avions passé une journée fantastique sur un plage de surfeurs, avec des vagues hautes et fortes, dans lesquelles nous nous sommes amusés durant des heures. Mais on m'avait maintes fois parlé des beautés de cet endroit et je sentais qu'une autre exploration me ferait découvrir quelque chose de bien. Alors comme l'heure avançait et que je passais la sortie d'autoroute qui annonçait Quiberon et Carnac, je décidai de la prendre.


Je passai rapidement Carnac et ses menhirs, que j'avais déjà aperçu l'été dernier avec Sarah et ses parents. Mais peut-être les avez-vous manqués? Les voici:




Je m'arrêtai cependant à un lieu de veilles pierres que je n'avais pas encore découvert, seulement croisé au hasard de la route sans jamais m'arrêter. Le Dolmen de Mané-Kerioned.


Ces roches ont été assemblées en trois ensembles cohérents, avec des menhirs tout autour pour monter la garde, il y a plus de cinq mille ans.

Les installations sont de petite taille, du moins pour deux d'entre elles. On peut passer sous les pierres surplombantes, mais il faut se mettre à quatre pattes, comme on peut le voir.


Le troisième dolmen est pratiquement sous terre. Un escalier permet d'y accéder. Là-dessous, même de jour, c'est le noir quasi-total. J'osai à peine avancer, puis finalement, à coups de flash, je me rendis jusqu'au fond du noir, à environ dix mètres de l'entrée. La pierre centrale au fond du dolmen comporte des inscriptions millénaires, gravures au sens incertain, à jamais enfouies.



L'ambiance du lieu respire la légende, l'aventure. J'ai vraiment le sentiment d'être là où je dois être. Et que je dois poursuivre ma route.






J'arrive à Quiberon, et une bouffée d'émotion me prend alors que sur la droite de la route, les vagues de l'Atlantique arrivent en rouleaux innombrables sur le sable le long du filet de terre ferme qui relie la presqu'île à la Bretagne. Je passe le point où Sarah et moi nous étions arrêtés pour profiter de la plage et descend plus au sud. Rendu au petit village de Portivy, j'arrête la voiture dans un parking séparé de la plage par une petite crête. Je monte au sommet et un spectacle venteux, la Côte Sauvage, déploie des vagues grandioses, des falaises de pierre nue surplombées d'une végétation basse, des ruines se dressant au loin dans la tourmente, un ciel qui ne laisse rien présager de bon avec toutefois au lointain une légère bande orangée qui annonce la fin du jour.




Je suis tellement heureux d'être là. Je fais le tour du petit bout de côte où la nature a été préservée d'un bon pas, parfois en courant parce qu'un point de vue précédent m'a laissé entrevoir ce qu'il y a plus loin. Je me dépêche aussi car le soir tombe et je ne veux rien rater du spectacle. Pour le moment, la lumière qui baisse rajoute un charme sombre au spectacle.


Arrivé à ce que je crois être le point le plus éloigné de toute habitation, il y a des ruines. On croirait voir une ancienne chapelle, vue de loin. Mais de près, il semble que ce soit en fait une maison de béton, vieille de plusieurs décennies sans doute mais pas plus. Par contre autour de la maison, des pierres jointes par du mortier pavent le sol et parmi elles, de grandes dalles rectangulaires pointant vers différents horizons et portant en inscriptions le lieu vers lequel chacune s'étend.



Et tout autour, le fracas des vagues qui frappent violemment la paroi rocheuse de Quiberon, les oiseaux de mer qui volent çà et là dans un vent imprévisible qui caresse les chardons et les ronces non loin du bord. C'est magique. Dans ce monde si brut et menaçant, je trouve une poésie sans fin, et je me sens chez moi. Je suis très ému.



Je rejoins à peine la voiture une fois le soir tombé. Ce soir-là, je suis revenu chez moi à la noirceur, sous une pluie incessante. Le retour fut long et fatiguant. Mais il comptait pour bien peu, comparé à ce que j'avais contemplé autour de moi ce jour-là. Et davantage encore comparé à ce que l'expérience de cette journée m'a permis de contempler en moi-même.

dimanche 17 octobre 2010

Rentrée tardive


Ouf! Quel été passé en coup de vent! L'été est fini depuis un bout de temps me direz-vous. Ben oui, et j'ai plein d'excellentes excuses pour ne pas avoir ré-écrit le récit de nos aventures plus tôt. En septembre, pendant que ma belle dansait avec les louves, je suis allé fêter une de nos amies quelque part entre Angers et Le Mans, et j'ai ramené un souvenir: une belle tique! Tests, antibios, tralala, et Sarah-Catherine qui a fait les vendanges, bref, nos journées ne furent pas de tout repos et nos soirées furent peinardes par ultra-nécessité.

Plusieurs rétrospectives sont à faire. Nous les ferons une à la fois.

Je vous présente ici, en images principalement, un endroit qui a particulièrement frappé mon imaginaire cet été. C'était durant notre séjour à Paris. J'étais déjà allé à l'Opéra, mais je n'avais pas franchi le hall, où un pickpocket avait habilement fouillé ma poche de jeans, heureusement vide. Mais cette fois, point de voleur et que de splendeur!

Construit sur l'ordre de Napoléon III, c'est un chef-d'oeuvre de l'architecture et de l'art baroque. Tout évoque la grandeur, le rêve, la matière au service de l'art et de la beauté. L'ambiance feutrée, un peu adverse aux photographes, devait mettre une personne se rendant à un éventuel récital dans un état d'esprit de nature à ce qu'il se laisse porter par toute histoire, tragique ou comique.

Trêve de phrases à rallonge, voici.


Vue juste en sortant du métro. Le flot ininterrompu de gens qui passent sans même se tourner pour admirer le bâtiment rendent la chose un peu surréaliste. Parce que c'est beau. C'est grandiose, c'est tout simplement... non rien de simple dans cette architecture. Que du faste.

Une fois passé le hall d'entrée, au pied d'un escalier grandiose, une muse semble nous dire "Vous entrez ici dans le pays du rêve, de la beauté, et des positions de pieds impossibles..." Positions de pieds que tente ici ma belle-maman.




Sarah-Catherine, toute émue de se retrouver dans ce haut lieu d'art, n'a pas pu s'empêcher d'exhiber, quoique bien modestement, la danseuse en elle. Regardez, le subtil positionnement des pieds dans l'escalier...


Retour momentané à l'extérieur, où les lampadaires qui éclaire la façade évoquent toujours les arts. C'est très... steampunk, je trouve!


Les nombreux couloirs qu'on peut arpenter mènent à des halls qui rivalisent tous en grandeur. À preuve, ce miroir, flanqué de colonnes dorées, colonnes qui se trouvent à l'infini dans ce lieu.


Ci-contre les beaux, et notez que tout ce que vous voyez qui ressemble à du marbre, eh bien, c'en est.


Ceci, pour n'impressionner personne, est un manteau de cheminée. On oublie le froid hivernal juste en le regardant...


 Flashback dehors, mon beau-père illustre ici parfaitement la taille impériale des statues des muses, driades et autres créatures qui illustrent le penchant de l'homme pour l'art.

Tant de beautés à portée des yeux qu'on en oublie presque de regarder au-dessus de soi. En pointant mes globes vers le haut, voici ce qu'ils trouvèrent, à la jonction de deux passages.

Bien sûr, ces images ne rendent pas justice à l'endroit, et témoignent de mon apprentissage laborieux de l'art photographique. J'ai tenté au mieux de vous partager l'émerveillement qui m'a assailli il y a 2 mois en ce lieu et qui me frappe encore aujourd'hui. Cet endroit est définitivement à voir en personne.

Facile d'y aller: la station de métro s'appelle Opéra. 
Faites de beaux rêves.

dimanche 2 mai 2010

Le Morbihan, par une journée bretonne

Le printemps se fait sentir depuis un bon mois déjà sur la Bretagne, et il est devenu très agréable de sortir se balader, d'autant plus que Sarah et François disposent maintenant d'une voiture! En effet, le travail de François se déroule en ce moment à Ancenis, une petite ville à quarante kilomètres de Nantes. Il a donc maintenant un véhicule de fonction, qui permet de s'échapper de temps à autres les week-ends. Tant que le kilométrage reste raisonnable et qu'on remet du gazole (prononcer gà-zoile).


Sur un coup de tête ils sont partis hier visiter le Morbihan. Ils prirent donc la route en direction de Gwened (Vannes), croisant ça et là des panneaux aux noms d'endroits tous plus étranges les uns que les autres... Questembert, La Roche Bernard, Pénestin, Arradon (fils d'Arraton!), St-Brieuc, Baden, Larmor-Baden, Île Berder ...


Arrivés à Vannes, où ils croisèrent beaucoup de camion lourds -faut-il s'en surprendre?- c'était le marché du samedi. François et Sarah défilèrent dans les petites rues piétonnes bondées tandis qu'ils se faisaient mouiller par des averses surprises de 1 à 2 minutes chacune. Avec la pluie et la foule déambulante, ils n'eurent même pas idée de prendre en photo le décor quasi-médiéval dans lequel ils se mouvaient, avec ses maisons aux colombages pierrotés, et quelques habitants à l'air décidément bretons. François entendit même un kenavo! (au revoir) lâché par quelqu'un à l'adresse d'un commerçant. Très exotique! François et Sarah se font la réflexion que Vannes est quand même une grande ville, pas très loin de Nantes, et qu'il faudra aller plus loin encore dans la Bretagne pour entendre les gens parler la langue du pays. Au fait, saviez-vous qu'il existe des bretons séparatistes? Tout ce petit parcours, agrémenté d'un café servi dans une taverne typique, avec un tenancier typique et une clientèle tout aussi typique, nous mena à la porte de la ville qui donne sur le port que voici:


Il commençait à faire faim, et François et Sarah allèrent manger dans une crêperie. Où d'autre? Sarah a résolument découvert qu'elle n'aime pas le blé noir, qui est à la base des galettes utilisées pour les crêpes repas en Bretagne, la crêpe de froment étant réservée au dessert. Tout cela accompagné d'un pichet de cidre doux, aussi la spécialité du coin. Mais la visite à Vannes n'était qu'un prétexte. François et Sarah voulaient visiter le golfe du Morbihan. Ce mot signifie petite mer, ou mer intérieure, et c'en est effectivement une. Il y a une petite ouverture au sud, là où passe la mer, et on se retrouve avec un plan d'eau immense peuplé d'autant de petites îles qu'il y a de jours dans l'année, selon la légende. Repartant de Vannes en direction de l'Île Berder, Sarah vit un champ jaune qu'elle ne pouvait pas manquer. En plus il y avait des vaches à côté, alors imaginez...



L'Île Berder vaut le détour. Elle offre à la vue un spectacle absolument saisissant. Il est aussi intéressant d'y observer la faune locale: petits et grands échassiers, mollusques surprenants, écoliers en bottes de caoutchouc à la conquête de trésors et de découvertes. L'Île est privée mais offre un chemin ouvert aux piétons, qui prend une heure à parcourir et permet de voir de multiples paysages du Golfe, notamment l'issue sur l'océan. L'Île en elle-même est magnifique, peuplée d'arbres géants pluri-centenaires ayant affronté mille tempêtes.


Le centre de l'île est occupé par quelques bâtiments privés.

Arrivés à la pointe Nord de l'île, nos amis virent la plus belle petite chapelle admirée de leur yeux à ce jour. Malheureusement, elle était fermée, ce qui la rendait d'autant plus attrayante et mystérieuse.

Pas très longtemps après le début de l'excursion, François et Sarah virent un amoncellement de roches arrangées par l'homme, et au-devant duquel étaient clairement disposés trois sièges de roc. Celui du centre avait même un dossier. Les deux explorateurs étaient fascinés par cet arrangement, qui faisait face à une ouverture dans les arbres permettant d'observer la mer. Pourquoi avait-on érigé cet hôtel, ce trône flanqué de deux sièges? Qui s'y étaient assis. Qu'y avaient-ils vu? Leurs esprits tourbillonnaient à pleine vitesse, sur une tangente guidée par l'information véridique qu'il existe encore aujourd'hui en Bretagne des druides. Selon le routard, il en existe encore environ deux millions répartis dans tous les pays celtes.
Suite à cette visite, François et Sarah auraient du rentrer. Mais ils avaient envie de visiter l'Île aux Moines, un île encore plus grande, plus connue, et surtout... plus touristique. Cette visite, du fait de la fatigue des tourtereaux et du vent qui se levait, ne fut pas aussi agréable, et dura de ce fait moins longtemps, car il était temps de rentrer. Au passage, entre les deux îles, François et Sarah arrêtèrent leur voiture au centre-ville de Baden, où ils visitèrent une charmante église, éclairée par le soleil de l'après-midi. Souvenir d'une visite de l'automne dernier, Saint-Michel était représenté de belle façon.


Et ainsi, la journée dans le Morbihan se termina, avec la ferme intention d'y retourner bientôt.

dimanche 28 mars 2010

Horreur à l'heure de l'apéro

Une fin de dimanche après-midi dérapa grave alors que nos deux tourtereaux préparaient le repas du soir: un ragoût de boeuf à la Guiness, question de se mettre dans l'ambiance de leurs prochaines vacances estivales.

Le boeuf mijotant dans la bière noire, les vapeurs s'échappant du chaudron leur montèrent à la tête et un farfadet leur sussura des divagations à l'oreille. Ou était-ce les korrigans, cousins bretons des petits lutins d'Irlande? Allez savoir...

Il fut question de passion fromagère, de maquillage comestible, de femmes fatales qui empoisonnent leurs époux et de terribles tromperies qui montent en sauve grâce au pouvoir de la fécule de maïs...

Ne cherchez pas à comprendre. Restez heureux!

lundi 22 mars 2010

Un banal souper du lundi soir...

Voici les maigres victuailles dont nous avons dû nous contenter ce soir...

Un peu de rosette, de terrine de Vendée au vin, une autre au porto, un camembert Rustique, un peu de Boursin, un Mimolette, le truc orange, une toute petite pointe de roquefort et un Anjou biologique.

Une vraie misère!
Bon apétit!

samedi 20 mars 2010

Toulon vue d'en haut

Nichée au creux d'une baie de la Méditerranée, Toulon est un port naturel. C'est d'ailleurs le premier port militaire de la France sur la Méditerranée. La ville, bien que n'étant pas dépourvue de charme au niveau du sol, montre bien mieux sa grâce quand on peut l'embrasser en un seul regard, du haut du Mont Faron. Toulon est littéralement prise en sandwich entre la mer et le Var, nom qu'on donne à tout ce qui constitue l'arrière-pays de la Provence et de la Côte-d'Azur et qui a un semblant d'altitude. Le Mont Faron en fait partie. Sarah-Catherine étant à sa formation de danse-thérapie pour la journée, François prit le bus pour le centre-ville afin de gagner les contreforts du mont, qu'il savait accessibles par derrière la gare.

C'était en effet accessible, mais haut. Et François n'est pas le gars le moins en forme du monde, mais il avait l'impression d'être le moins en forme de Toulon, parce que pendant qu'il arpentait les rues inclinées à 15%, en se disant que finalement il pourrait faire un bout de chemin avec le téléphérique, il voyait des brutes sveltes, courir en montant, l'air de rien. Il y avait même des brutes sveltes femelles. François aurait pu courir, il avait ses espadrilles, mais en jeans et avec un sac à dos, c'était moins tentant. Les jeans tendent à rester mouillés longtemps, et peut-être ferait-il froid une fois en haut...

Toujours en train de se justifier à lui-même, il arriva au téléphérique, en nage. Le temps de souffler 10 minutes, avant que la prochaine cabine ne parte vers le sommet, il prit quelques photos. Déjà on pouvait très bien voir la ville.


La montée dura à peine cinq minutes et se passa dans le silence le plus complet. François était seul passager et le cabinier (oui oui, tout à fait!) était un homme bourru qui n'avait pas l'air très engageant. De toute façon le paysage méritait toute l'attention qu'on pouvait lui donner. La montagne, pourtant pleine d'arbres, n'a presque pas de végétation. Tout ce qu'on voit, outre les arbres et arbustes, c'est de la roche blanche, en morceaux généralement. Une route se rend au sommet, ainsi qu'une foule de sentiers ou courent librement brutes sveltes sur pieds et sur roues. François avait chaud et se sentait résolument heureux d'avoir pris le téléphérique. Autrement dit, il essayait de se convaincre que c'est correct d'être paresseux...



Arrivé au sommet, toutefois, il se rendit compte qu'il avait bien fait de conserver ses énergies. La ville était là à ses pieds, et certes le panorama en valait la peine, mais c'est qu'une foule de sentiers se présentaient à lui. C'est que le Mont Faron n'est pas un bête cône, avec un tout petit sommet, que non! C'est un Massif en lui-même. Son sommet est long, large, plat et héberge une flore beaucoup plus élaborée que ses flancs, aux allures quasi-désertiques. C'est donc une marche en forêt, qui le mènera à différents sites et monuments, qui s'offrait à François. Le temps était superbe, il y avait de quoi boire et manger pas loin, l'occasion était trop belle!

François partit donc et prit une foule de petits chemins. Le premier d'entre eux le mena à la chapelle dédiée à Notre-Dame (attention la digression). C'est une ancienne poudrière en fait, que des généraux ont voulu convertir en un monument à Jeanne d'Arc après la Deuxième Guerre Mondiale. Jeanne d'Arc parce que c'est la vierge guerrière par excellence des français, et il fallait du guerrier parce que c'était avant tout pour les soldats qui sont tombés lors de la reprise de Toulon, vers la fin de la guerre. Apparemment les forces armées françaises s'en chargèrent elles-mêmes, mais elles eurent à livrer une rude au sommet du Faron où trônaient plusieurs installation militaires, dont plusieurs encore visibles. Donc, beaucoup de morts pour la patrie, et un besoin d'un endroit pour se recueillir et saluer leur courage. Le clergé de l'époque s'y opposa pour deux raisons, une d'entre elles un peu geek, l'autre plus populiste, toutes deux très sensées. La raison populiste était que pour rejoindre le cœur des habitants de la région, le sanctuaire devrait être dédié à la Bonne-Mère plutôt qu'à Jeanne d'Arc (attention ça dégresse dans la digression...)



Les  Provençaux vouent en effet un culte bien spécial à la Vierge Marie, qu'ils appellent la Bonne Mère. Ce qui a trotté dans la tête de François durant son dernier séjour à Toulon, c'est la provenance de cette affection particulière. Sa théorie, nullement fondée, est qu'avant l'avènement du Christianisme, les peuples qui vivaient en Provence vouaient peut-être un culte à une Déesse Mère. Et quand d'un coup tout l'empire romain s'est christianisé, eh bien la Déesse est tout simplement restée en prenant un autre visage. Ce ne serait pas la première fois. Mais ce n'est qu'une théorie sans fondement. François espère un jour rencontrer un sage sur une montagne, ou dans un pub, et qu'il lui apprendra la vérité. (retour à la digression simple)

L'histoire du sanctuaire était chouette, la chapelle elle-même est impressionnante de l'extérieur vu qu'elle est creusée dans la roche. Mais l'intérieur est quelconque, si ce n'est pour les notes historiques qu'on y trouve. (fin de la digression)

Depuis la chapelle, François poursuivit sa route vers l'Est. Il ne lui fallut pas longtemps pour arriver au Zoo du Mont Faron, mais il poursuivit son chemin en se disant qu'il attendrait sa femme pour le visiter. Si jamais il le visite parce que franchement, vu de l'extérieur et des alentours, ce zoo ne payait pas de mine... Conseil : si jamais vous avez grand besoin d'un zoo pendant que vous êtes en Provence/Côte d'Azur, celui de Saint-Jean Cap Ferrat est définitivement celui qu'il vous faut. Gardez vos papiers dans une poche à bouton pression par contre, sous peine de vous les faire dérober par un lémure capitaliste. Bref, devant le zoo il y avait une pancarte indiquant un chemin qui se nommait Sommet du Faron. La question ne se posait pas vraiment.

La marche fut un peu plus longue, plus vigoureuse aussi, parce que François voulait arriver bien avant la joyeuse équipée de marcheurs qui avaient choisi cette journée pour randonner au sommet du Faron en groupe. Il connaissait leur existence pour avoir vu l'annonce de leur activité sur le web. Et ils étaient derrière lui, et il était hors de question qu'ils arrivassent en haut avant lui. Et puis, il avait besoin de se soulager, et il avait besoin d'une bonne longueur d'avance sur eux sous peine de se faire admirer le sac à dos pendant qu'il dispensait son Rayon d'Or à la nature. C'est le genre de miracle qu'on préfère que les gens imaginent. Il est important de croire sans voir.



L'arrivée au sommet se fait en sueur, mais autrement sans encombre. La vue était magnifique, même si un genre de smog semblait brouiller la ville au loin. Le panorama est littéralement circulaire, et le flanc nord du Faron, vertigineux. Perché au sommet, François était à 5 mètres d'une chute d'au moins 100 mètres, sans rambarde, sans filet en bas, sans coussin gonflable. Il se dit que des enfants ici devraient probablement être attachés à leurs parents...



Une fois la vue bien appréciée, le retour s'amorça, mais par un autre chemin. Un chemin qui conduisit François à flanc de ravin, la plupart du temps avec des murets, ce qui est une bonne chose car s'il n'est pas vraiment sujet au vertige, il n'est pas fou non plus. Ce chemin lui montra les ruines d'habitation datant probablement de la Seconde Guerre. Il le mena même à un fortin, de toute apparence inoccupé, mais à l'aspect effrayant. Toujours entier, sans aucun bris évident sur ses murs, un carré d'à peu près trente mètres de côté et de 5 mètres de hauteur de pierre grise, entouré de douves à sec. L'entrée était fermée d'une porte en métal peinte en vert, apparemment entrebâillée, et sur laquelle quelqu'un de sûrement très intelligent avait écrit les terrifiantes lettres SS à la peinture aérosol blanche. Semblable à un pont-levis, une plate-forme composée de poutres de bois permettait d'accéder à la porte. La peur au ventre, mais le cœur aux couilles, François avança sur le pont-levis, saisit la poignée, poussa la porte...

Qui ne bougea pas parce qu'elle était cadenassée. Ça ne mit pas fin au suspense de François tout de suite car il se demanda s'il ne descendrait pas dans les douves pour voir s'il n'y avait pas autre chose d'intéressant. Mais il décida que l'escalier qui descendait au fond des douves, 2 mètres plus bas, n'était vraiment pas en bon état, qu'il risquerait de s'effriter sous son poids et qu'il n'avait pas envie de croupir dans les douves d'un château alors qu'il n'y avait même pas de princesse à sauver.

Le sentier lui fit donc faire le tour du Faron, revenir au zoo, puis finalement au point de départ avec le monument aux soldats, le téléphérique et le resto-boutique de souvenirs. François eut soudain une envie folle de se faire arnaquer pour dîner, alors il alla au resto! Ah, mais tout compte fait, François sut apprécier la valeur d'un après-midi Provençal, qui tout bien pesé, valait très aisément la facture de 22 euros de sa salade, sa pinte de bière et son café. Plus d'une heure à profiter peinard du soleil sur la terrasse, à respirer l'odeur de la végétation qui s'étire après un long sommeil hivernal, à manger des olives en attendant sa verdure. La vraie belle vie!



Puis, lentement, il se leva, pris son sac, et partit faire ce qu'il fait avec plaisir à chaque journée qu'il passe à Toulon. Il alla retrouver sa femme.

samedi 20 février 2010

Parenthèse: La Bretagne et la Neige

D'aucuns se sont sans doute bidonnés de savoir la France ainsi paralysée par 2 misérables centimètres de neige. Sarah et François ne se sont pas gênés pour trouver ça drôle non plus! Mais il n'y a pas eu à digresser longtemps pour comprendre le pourquoi du désarroi provoqué par ces chutes.

Premier point: les deux chute de neiges observées cette année à Nantes, de même que les fortes chutes de neige enregistrées plus au nord de la Bretagne, sont extrêmement rares. Même pour les deux petites averses à Nantes, les habitants affirment que c'est exceptionnel d'avoir de la neige deux fois en une année.

Second point: la conséquence la plus marquante d'une averse de neige à Nantes est la suivante: les gens arrivent au bureau avec deux, parfois trois heures de retard. Soit parce qu'ils ont été bloqués dans les bouchons où les voitures avancent micron par micron de peur de glisser, soit parce qu'ils sont partis de chez eux une fois que les bouchons se sont dissipés et que la neige est pratiquement fondue. L'autre conséquence est la hausse du chiffre d'affaires des garagistes et débosseleurs, quand les Français jugent que leur pare-choc est maintenant trop amoché pour avoir l'air d'un pare-choc, car c'est pratiquement la seule chose qui se produit sur les routes enneigées ici: des accrochages mineurs.

Donc, si on formule la proposition suivante: il neige en moyenne deux fois par année à Nantes et chaque fois les gens arrivent trois heures en retard au boulot, on déduit automatiquement que les gens 'perdent' six heures de boulot par année à cause de la neige, ponctuée d'une éventuelle petite bosse de plus sur leur voiture. De cette déduction, on peut sans doute évaluer un 'coût' pour la société d'une ou deux averses annuelles de neige et comparer ce coût à un investissement majeur de la part des municipalités dans des équipements de déneigement, et un autre de la part de la population entière pour éventuellement s'équiper de pneus d'hiver. Il ne faut pas la tête à Descartes (ils ne connaissent pas Papineau en France) pour se rendre compte que ça ne vaut pas la peine d'investir si gros pour le peu d'inconvénient occasionné...

Fin de la parenthèse.