dimanche 28 mars 2010

Horreur à l'heure de l'apéro

Une fin de dimanche après-midi dérapa grave alors que nos deux tourtereaux préparaient le repas du soir: un ragoût de boeuf à la Guiness, question de se mettre dans l'ambiance de leurs prochaines vacances estivales.

Le boeuf mijotant dans la bière noire, les vapeurs s'échappant du chaudron leur montèrent à la tête et un farfadet leur sussura des divagations à l'oreille. Ou était-ce les korrigans, cousins bretons des petits lutins d'Irlande? Allez savoir...

Il fut question de passion fromagère, de maquillage comestible, de femmes fatales qui empoisonnent leurs époux et de terribles tromperies qui montent en sauve grâce au pouvoir de la fécule de maïs...

Ne cherchez pas à comprendre. Restez heureux!

lundi 22 mars 2010

Un banal souper du lundi soir...

Voici les maigres victuailles dont nous avons dû nous contenter ce soir...

Un peu de rosette, de terrine de Vendée au vin, une autre au porto, un camembert Rustique, un peu de Boursin, un Mimolette, le truc orange, une toute petite pointe de roquefort et un Anjou biologique.

Une vraie misère!
Bon apétit!

samedi 20 mars 2010

Toulon vue d'en haut

Nichée au creux d'une baie de la Méditerranée, Toulon est un port naturel. C'est d'ailleurs le premier port militaire de la France sur la Méditerranée. La ville, bien que n'étant pas dépourvue de charme au niveau du sol, montre bien mieux sa grâce quand on peut l'embrasser en un seul regard, du haut du Mont Faron. Toulon est littéralement prise en sandwich entre la mer et le Var, nom qu'on donne à tout ce qui constitue l'arrière-pays de la Provence et de la Côte-d'Azur et qui a un semblant d'altitude. Le Mont Faron en fait partie. Sarah-Catherine étant à sa formation de danse-thérapie pour la journée, François prit le bus pour le centre-ville afin de gagner les contreforts du mont, qu'il savait accessibles par derrière la gare.

C'était en effet accessible, mais haut. Et François n'est pas le gars le moins en forme du monde, mais il avait l'impression d'être le moins en forme de Toulon, parce que pendant qu'il arpentait les rues inclinées à 15%, en se disant que finalement il pourrait faire un bout de chemin avec le téléphérique, il voyait des brutes sveltes, courir en montant, l'air de rien. Il y avait même des brutes sveltes femelles. François aurait pu courir, il avait ses espadrilles, mais en jeans et avec un sac à dos, c'était moins tentant. Les jeans tendent à rester mouillés longtemps, et peut-être ferait-il froid une fois en haut...

Toujours en train de se justifier à lui-même, il arriva au téléphérique, en nage. Le temps de souffler 10 minutes, avant que la prochaine cabine ne parte vers le sommet, il prit quelques photos. Déjà on pouvait très bien voir la ville.


La montée dura à peine cinq minutes et se passa dans le silence le plus complet. François était seul passager et le cabinier (oui oui, tout à fait!) était un homme bourru qui n'avait pas l'air très engageant. De toute façon le paysage méritait toute l'attention qu'on pouvait lui donner. La montagne, pourtant pleine d'arbres, n'a presque pas de végétation. Tout ce qu'on voit, outre les arbres et arbustes, c'est de la roche blanche, en morceaux généralement. Une route se rend au sommet, ainsi qu'une foule de sentiers ou courent librement brutes sveltes sur pieds et sur roues. François avait chaud et se sentait résolument heureux d'avoir pris le téléphérique. Autrement dit, il essayait de se convaincre que c'est correct d'être paresseux...



Arrivé au sommet, toutefois, il se rendit compte qu'il avait bien fait de conserver ses énergies. La ville était là à ses pieds, et certes le panorama en valait la peine, mais c'est qu'une foule de sentiers se présentaient à lui. C'est que le Mont Faron n'est pas un bête cône, avec un tout petit sommet, que non! C'est un Massif en lui-même. Son sommet est long, large, plat et héberge une flore beaucoup plus élaborée que ses flancs, aux allures quasi-désertiques. C'est donc une marche en forêt, qui le mènera à différents sites et monuments, qui s'offrait à François. Le temps était superbe, il y avait de quoi boire et manger pas loin, l'occasion était trop belle!

François partit donc et prit une foule de petits chemins. Le premier d'entre eux le mena à la chapelle dédiée à Notre-Dame (attention la digression). C'est une ancienne poudrière en fait, que des généraux ont voulu convertir en un monument à Jeanne d'Arc après la Deuxième Guerre Mondiale. Jeanne d'Arc parce que c'est la vierge guerrière par excellence des français, et il fallait du guerrier parce que c'était avant tout pour les soldats qui sont tombés lors de la reprise de Toulon, vers la fin de la guerre. Apparemment les forces armées françaises s'en chargèrent elles-mêmes, mais elles eurent à livrer une rude au sommet du Faron où trônaient plusieurs installation militaires, dont plusieurs encore visibles. Donc, beaucoup de morts pour la patrie, et un besoin d'un endroit pour se recueillir et saluer leur courage. Le clergé de l'époque s'y opposa pour deux raisons, une d'entre elles un peu geek, l'autre plus populiste, toutes deux très sensées. La raison populiste était que pour rejoindre le cœur des habitants de la région, le sanctuaire devrait être dédié à la Bonne-Mère plutôt qu'à Jeanne d'Arc (attention ça dégresse dans la digression...)



Les  Provençaux vouent en effet un culte bien spécial à la Vierge Marie, qu'ils appellent la Bonne Mère. Ce qui a trotté dans la tête de François durant son dernier séjour à Toulon, c'est la provenance de cette affection particulière. Sa théorie, nullement fondée, est qu'avant l'avènement du Christianisme, les peuples qui vivaient en Provence vouaient peut-être un culte à une Déesse Mère. Et quand d'un coup tout l'empire romain s'est christianisé, eh bien la Déesse est tout simplement restée en prenant un autre visage. Ce ne serait pas la première fois. Mais ce n'est qu'une théorie sans fondement. François espère un jour rencontrer un sage sur une montagne, ou dans un pub, et qu'il lui apprendra la vérité. (retour à la digression simple)

L'histoire du sanctuaire était chouette, la chapelle elle-même est impressionnante de l'extérieur vu qu'elle est creusée dans la roche. Mais l'intérieur est quelconque, si ce n'est pour les notes historiques qu'on y trouve. (fin de la digression)

Depuis la chapelle, François poursuivit sa route vers l'Est. Il ne lui fallut pas longtemps pour arriver au Zoo du Mont Faron, mais il poursuivit son chemin en se disant qu'il attendrait sa femme pour le visiter. Si jamais il le visite parce que franchement, vu de l'extérieur et des alentours, ce zoo ne payait pas de mine... Conseil : si jamais vous avez grand besoin d'un zoo pendant que vous êtes en Provence/Côte d'Azur, celui de Saint-Jean Cap Ferrat est définitivement celui qu'il vous faut. Gardez vos papiers dans une poche à bouton pression par contre, sous peine de vous les faire dérober par un lémure capitaliste. Bref, devant le zoo il y avait une pancarte indiquant un chemin qui se nommait Sommet du Faron. La question ne se posait pas vraiment.

La marche fut un peu plus longue, plus vigoureuse aussi, parce que François voulait arriver bien avant la joyeuse équipée de marcheurs qui avaient choisi cette journée pour randonner au sommet du Faron en groupe. Il connaissait leur existence pour avoir vu l'annonce de leur activité sur le web. Et ils étaient derrière lui, et il était hors de question qu'ils arrivassent en haut avant lui. Et puis, il avait besoin de se soulager, et il avait besoin d'une bonne longueur d'avance sur eux sous peine de se faire admirer le sac à dos pendant qu'il dispensait son Rayon d'Or à la nature. C'est le genre de miracle qu'on préfère que les gens imaginent. Il est important de croire sans voir.



L'arrivée au sommet se fait en sueur, mais autrement sans encombre. La vue était magnifique, même si un genre de smog semblait brouiller la ville au loin. Le panorama est littéralement circulaire, et le flanc nord du Faron, vertigineux. Perché au sommet, François était à 5 mètres d'une chute d'au moins 100 mètres, sans rambarde, sans filet en bas, sans coussin gonflable. Il se dit que des enfants ici devraient probablement être attachés à leurs parents...



Une fois la vue bien appréciée, le retour s'amorça, mais par un autre chemin. Un chemin qui conduisit François à flanc de ravin, la plupart du temps avec des murets, ce qui est une bonne chose car s'il n'est pas vraiment sujet au vertige, il n'est pas fou non plus. Ce chemin lui montra les ruines d'habitation datant probablement de la Seconde Guerre. Il le mena même à un fortin, de toute apparence inoccupé, mais à l'aspect effrayant. Toujours entier, sans aucun bris évident sur ses murs, un carré d'à peu près trente mètres de côté et de 5 mètres de hauteur de pierre grise, entouré de douves à sec. L'entrée était fermée d'une porte en métal peinte en vert, apparemment entrebâillée, et sur laquelle quelqu'un de sûrement très intelligent avait écrit les terrifiantes lettres SS à la peinture aérosol blanche. Semblable à un pont-levis, une plate-forme composée de poutres de bois permettait d'accéder à la porte. La peur au ventre, mais le cœur aux couilles, François avança sur le pont-levis, saisit la poignée, poussa la porte...

Qui ne bougea pas parce qu'elle était cadenassée. Ça ne mit pas fin au suspense de François tout de suite car il se demanda s'il ne descendrait pas dans les douves pour voir s'il n'y avait pas autre chose d'intéressant. Mais il décida que l'escalier qui descendait au fond des douves, 2 mètres plus bas, n'était vraiment pas en bon état, qu'il risquerait de s'effriter sous son poids et qu'il n'avait pas envie de croupir dans les douves d'un château alors qu'il n'y avait même pas de princesse à sauver.

Le sentier lui fit donc faire le tour du Faron, revenir au zoo, puis finalement au point de départ avec le monument aux soldats, le téléphérique et le resto-boutique de souvenirs. François eut soudain une envie folle de se faire arnaquer pour dîner, alors il alla au resto! Ah, mais tout compte fait, François sut apprécier la valeur d'un après-midi Provençal, qui tout bien pesé, valait très aisément la facture de 22 euros de sa salade, sa pinte de bière et son café. Plus d'une heure à profiter peinard du soleil sur la terrasse, à respirer l'odeur de la végétation qui s'étire après un long sommeil hivernal, à manger des olives en attendant sa verdure. La vraie belle vie!



Puis, lentement, il se leva, pris son sac, et partit faire ce qu'il fait avec plaisir à chaque journée qu'il passe à Toulon. Il alla retrouver sa femme.